Trois ans après l’album hybride Rites Of Passage, un live proposant également de nouvelles compositions, Roger Hodgson est de retour en studio pour la plus grande joie de ses fans. Légèrement échaudé par le succès mitigé de son précédent opus studio, un Hai Hai aux orientations très pop- FM, il propose un retour aux sources avec cet Open The Door où l’éclectisme le dispute à la qualité.
Car Roger Hogdson est un homme à tout faire : à la fois chanteur au timbre immédiatement reconnaissable, capable d’envolées affolantes dans les aiguës, guitariste et pianiste, il a même tenu tous les instruments dans l’excellent In The Eye Of The Storm. Il sait composer aussi bien des hits FM comme It’s Raining Again, que des morceaux beaucoup plus complexes et sensibles comme l’immortel Fool’s Overture. Open The Door est un habile condensé de toutes ses possibilités.
Les titres pop (Hungry) ou calibrés FM (The More I Look) sont finalement les moins attrayants, assez ordinaires et vite oubliés. Roger nous propose également des ballades (Love Is A Thousand Times, For Every Man) qu’il tire hors du commun par des évolutions mélodiques substantielles. Il nous fait apprécier certains cotés plus traditionnels (The Garden et son orgue de Barbarie), et n’oublie pas de mettre sa voix en valeur, quasiment à capella sur Say Goobye. Il n’omet pas de convier le sax comme aux bon vieux temps de Supertramp, mais innove également en incorporant dans ses compositions des touches de country (un The More I Look très saloon) ou de folk celte (irlandais dans Along Came Mary, très dans la continuité de Famous Last Words, ou écossais avec le plus progressif Death And A Zoo et ses cornemuses).
Le morceau-titre est souvent emblématique dans un album. Ici, mieux qu’un symbole, Open The Door est un fabuleux survol de la carrière de Roger Hogdson : forcément, avec cet harmonica en entame, le début fait penser au mythique School. Puis on passe à Fool’s Overture avec le thème vocal de départ. Et s’entendent des clins d’œil à Dreamer, à Lovers In The Wind, puis des touches de flûte ou de violon façon irlandaise, et un superbe final ample et symphonique façon Even In The Quietest Moments. Magnifique.
Preuve éclatante de la créativité toujours vivace de l’âme de Supertramp, Open The Door est à ranger précieusement auprès des meilleurs opus du groupe qui a tant fait vibrer les eighties. Bravo et merci, Monsieur Hodgson !