Dix ans depuis la dernière parution de Roger Hogdson ! Un peu sonné par l’échec critique et commercial de Hai Hai, et longtemps handicapé par la fracture de ses deux poignets, Roger revient aux affaires avec un album live, Rites Of Passage, à la fois ancien et moderne, puisque, non content de reprendre des titres de Supertramp et de sa carrière solo, il présente ici des titres inédits qui justifient la curiosité des fans.
Ceux l'ayant vu lors de la tournée Breakfast In America en 1980, peuvent attester que Supertramp était un groupe peu porté à l’innovation scénique : les concerts de l’époque reproduisaient très (trop ?) fidèlement les versions studio, le quintet ne s’autorisant guère d’incursion dans le domaine incertain de l’improvisation ou de la réécriture. Restait quand même, et ce n’est pas rien, la magie des titres proposés, le combo sachant intercaler les morceaux de bravoure et les titres FM.
Même menu dans ce concert du 2 août 1996 : Roger fait quand même la part belle aux titres de Supertramp, qui ont visiblement la cote auprès du public : Take The Long Way Home, The Logical Song, et Give A Little Bit en clôture. Fidèle traduction des titres studio, avec, comme au bon vieux temps, John Helliwell au sax et aux chœurs. Il nous donne une reprise du très emblématique In Jeopardy, avec le sax en remplacement du synthé - un peu dommage, le gros synthé était une des qualités du titre, mais la version proposée ici est plus que correcte. Il nous livre trois créations de son cru, dans des registres différents : Every Trick In The Book avec des fioritures très Dire Straits à la guitare, Showdown, un piano-rock avec un joli solo de guitare, et un gros morceau atmo-symphonique : Time Waits For No One, “simplement” posé sur une ligne répétitive à la guitare montant progressivement jusqu’à l’apogée, développé par des vocalises, une technique que Roger affectionne particulièrement (cf. Only Because Of You, entre autres) ; un morceau très réussi, probablement particulièrement prenant en live.
A côté de ces compos signées (ou co-signées) par Roger, le concert nous propose une création du fiston Hogdson (Andrew, également derrière les fûts pour toute la soirée) : Melancholic, une très chouette ballade qui porte fort bien son nom et qui est très justement servie vocalement par Andrew lui-même. Nous trouvons également deux compositions du guitariste Mikail Graham (No Coulours et Smelly Feat), dans un esprit très différent et assez proche de Toto, pas mal décalé par rapport au reste du concert : agréable, mais peut-être hors de propos.
Rites Of Passage est donc au final un album hybride, bien enregistré, assez fidèle témoin de la carrière de Roger Hogdson, mais assez limité en nouveautés. C’est un vrai plaisir de le retrouver productif après cette longue inactivité. La suite sera encore meilleure avec le très réussi Open The Door, trois années plus tard.