Après un "Animalize" que nous qualifierons de mitigé, Kiss s’offre un nouveau changement de guitariste : le quatrième en 4 albums ! Exit le discret Mark St John et bienvenue à Bruce Kulick. Et il ne s’agit pas là du seul remaniement : après la disparition du maquillage et un hard relativement heavy sur "Lick It Up", les tenues animalières à rayures et le hard-rock agressif de "Animalize", voici venir le look strass et paillettes et le Hard Glam US du nouveau venu "Asylum". Et il faut voir Paul Stanley enchainer les déhanchements suggestifs et les pas chassés à la virilité limitée dans les différents clips-vidéos accompagnants la sortie de cet opus, pour comprendre que ce dernier est à l’origine de ce nouveau changement d’orientation.
Alors bien sûr, le style Kiss reste aisément reconnaissable, trop peut-être ! En effet, il faut voir à quel point le riff du hit que fût "Lick It Up" a marqué le quatuor, ou plutôt ses deux leaders. Après l’avoir recyclé sur "Heaven’s On Fire" lors du précédent album, ce ne sont pas moins de 3 titres qui sont ici dotés d’un riff ultra simple, direct et efficace qui renvoie directement au premier tube de l’ère démaquillée des Américains, dont deux font l’objet d’un clip et ayant des visées commerciales évidentes : les glamours "Who Wants To Be Lonely" et "Tears Are Falling" aux refrains évidents et tubesques, alors que "Trial By Fire" pousse encore plus loin le clonage.
Pourtant, Stanley et Simmons, à nouveaux épaulés par Desmond Child et Jean Beauvoir pour la composition de plusieurs titres, réussissent malgré tout à rendre cet album agréable et bien ancré dans son époque. On se laisse ainsi facilement accrocher par les dynamiques "King Of The Mountain" ou "I’m Alive", ou par l’hymnique "Uh ! All Night", alors que Simmons se pose comme le garant de la face rock et agressive de Kiss avec le groovy et cinglant "Any Way You Slice It" ou un "Love’s A Deadly Weapon" malheureusement handicapé par un refrain trop faiblard. Et puis il y a la nouvelle arme secrète des deux leaders du groupe, à savoir un Bruce Kulick à la technique fulgurante, sauvant plusieurs titres de la médiocrité grâce à des soli tour à tour enflammés, hallucinants de vitesse ou gorgés de feeling.
Ces points positifs, s’ils permettent à Kiss de remonter un peu la pente après le décevant "Animalize", n’empêchent cependant pas cet "Asylum" de rester un album, certes agréable, mais relativement moyen et manquant pour le moins d’inspiration et d’ambition artistique. Certains argueront qu’après tout, ce n’est pas ce qu’on demande à Kiss et qu’il nous donne à nouveau ce que nous attendons de lui. Ils n’auront pas forcément complètement tort, mais pour notre part, nous sommes un peu plus exigeants envers un combo que nous savons capable de beaucoup mieux que cette démonstration d’un savoir-faire bien exécuté, mais manquant singulièrement de profondeur.