Après avoir passé une petite décennie comme chanteur au sein de Big Big Train, Sean Filkins a pris son envol en solitaire, avec dans un premier temps une participation remarquée au dernier album de Lee Abraham, ancien bassiste de Galahad. Sous la houlette de ce dernier, il publie aujourd'hui son premier effort en solitaire, quoique ce dernier terme est quelque peu abusif car notre homme s'est diablement bien entouré pour cette réalisation.
Réunissant quelques pointures du néo-progressif, tels Gary Chandler (Jadis) ou encore John Mitchell (Arena), War and Peace and Other Short Stories est un album sur lequel Sean Filkins prend le temps de dérouler ses idées, au travers de titres dont la seule lecture des durées laisse imaginer les multiples développements à venir. Passé le hors-d'œuvre que constitue The English Eccentric, pièce de néo-progressif plutôt classique rondement menée permettant notamment à Gary Chandler de nous envoyer un petit solo dont il a le secret, place au premier plat de résistance, avec une suite de 30 minutes, Prisoner of Conscience, proposée en deux parties.
Longue introduction instrumentale, avec percussions et instruments "exotiques", successions de thèmes aux mélodies imparables, empilement d'instruments pour des chorus symphoniques impressionnants , soli de guitare lumineux avant un petit passage de flamenco, tout est réuni ici pour proposer à l'auditeur un grand classique du genre, de ceux que l'on réécoute inlassablement, à la recherche du petit détail supplémentaire qui fera monter le plaisir auditif toujours plus haut. Les arrangements possèdent une classe folle, et l'on s'interroge quant à la formidable capacité du bonhomme à renouveler l'intérêt tout du long de tels titres.
Et que dire alors de Epitaph for a Mariner, qui reprend les mêmes codes mais en les perfectionnant encore un peu plus ? Une formidable montée en puissance instrumentale s'étalant sur près de 9 minutes vient "introduire" ce nouvel épic de 20 minutes, qui se poursuit par un feu d'artifice vocal et musical, amenant l'auditeur dans des territoires où émotions et plaisir se mélangent sans discontinuer, avant un retour au calme "pianistique" laissant les oreilles se délecter de ce qui a précédé.
Sean Filkins n'hésite pas non plus à enrichir sa musique d'éléments légèrement décalés, tels une adaptation de Jerusalem, classique britannique du début du 20è siècle permettant d'introduire l'album en douceur, sous un titre oh combien évocateur (Are you Sitting Comfortably !), ou encore une autre pièce chorale en ouverture de Epitaph for a Mariner.
Avec ce premier album, Sean Filkins fait éclater à la face du monde progressif toute l'étendue de ses talents de compositeur inspiré, conforté par une qualité d'arrangement de haute tenue. Générateur d'émotions longue durée et promesse d'écoutes répétées, ce feu d'artifice musical ne peut que se trouver dans votre discothèque aux côtés d'autres petits groupes tels Genesis ou Pendragon. Vous savez maintenant ce qu'il vous reste à faire.