Avec" Dynasty", Kiss avait montré qu'il pouvait avoir des faiblesses après un quasi sans faute artistique sur ses premiers disques. La volonté du groupe d'évoluer avait assez mal tourné et seul un titre ou deux pouvait être sauvé au final. Mais" Dynasty", grâce à "I Was Made For Lovin' You" a très bien marché partout dans le monde et Kiss va continuer sur sa lancée musicale faite de pop, de disco au rabais et de rock bien moyen.
Et ce désastre va s'appeler "Unmasked", produit de nouveau par Vini Poncia, et de nouveau avec un Peter Criss présent dans les crédits et sur les photos mais complètement absent musicalement sur les pistes. "Unmasked", avec sa pochette bande dessinée sur laquelle les membres de Kiss font alors seulement semblant de montrer leurs vrais visages, reste dans la lignée de "Dynasty" et se ramasse dans les grandes largeurs. Il en garde les mauvais côtés mais sans les bons, c'est-à-dire les quelques tubes que "Dynasty" proposait.
Au final il ne reste quasiment rien ou presque à retenir d'un disque sans âme, juste conçu pour surfer sur le succès du précédent, sans idées fortes ni envie, avec juste de la médiocrité. Bien peu de choses sont donc à en retenir. Chacun des membres composant dans son coin, Poncia participe à l'écriture de pratiquement toutes les chansons pour leur plus grand malheur.
Paul Stanley tente quand même de faire un tube avec le single "Shandi" mais il nous sort une pop mielleuse et assez infâme. Il ose également essayer de ressortir un tube disco-rock mais cette fois il se rate. "What Makes The World Go' Around" est un désastre à oublier pudiquement par respect pour Kiss et ses auteurs. Tout comme on oubliera son "Easy As It Seems" montrant une pop-hard d'une rare médiocrité avec d'atroces sons de claviers. Gene Simmons semble lui peu concerné, il ne participe qu'à trois chansons et ne propose rien de génial. "Naked City" est passable tandis que "She's So European" et "You're All That I Want" ont des allures de mauvaises faces B inachevées.
Ainsi en grattant, nous sauverons vaguement "Is That You?", chanté par Stanley mais pas composé par Kiss, qui est un titre de hard-rock classique mais qui tire son épingle du jeu par rapport au reste, tout comme "Two Sides Of The Coin ", chanté et écrit par Ace Frehley, qui ressort un peu, Ace proposant un hard ultra banal mais écoutable. Notre guitariste tente bien de surnager dans ce naufrage en restant fidèle à sa ligne hard-rock mais sans jamais retrouver un niveau digne des débuts du groupe.
Le bilan de ce "Unmasked" est donc catastrophique. Les rares chansons potables le sont grâce, si on ose dire, à la médiocrité du reste. Kiss se plante ici complètement et loupe le tournant des années 80, voyant passer devant lui toute une ribambelle de jeunes groupes aux dents longues. Après un tel échec, on se demande comment la machine pourrait rebondir tant elle est grippée et sans direction musicale claire.